Plus qu’un trek : une aventure humaine et culturelle
Nous étions finalement 16 participants dont 14 ganistes pour découvrir ce trek pas comme les autres en Palestine (voir le détail de l’itinéraire sur le site de https://phtrail.org/fr/home-france/). Ce trek , attendu depuis plus de deux ans, a été initialisé et organisé par Le comité FSGT de l’Isére. L’accompagnement sur place a été assuré par un guide français (Jean-lou) particulièrement impliqué sur la genèse du projet « grande Traversée de la Palestine » et d’un accompagnateur palestinien anglophone (Nidal). Notre parcours s’est entièrement déroulé en Cisjordanie.
Quelque part au dessus de la méditerranée avant l’atterrissage à Tel Aviv.
L’équipe au complet à l’aéroport, aux couleurs de la FSGT
Jour1 : vol Lyon-St Exupéry/Tel-Aviv et liaison en Bus pour Bethléem / Beit sahour, visite d’une distillerie de bière artisanale, puis nuit en pension de famille à el Beit a Beit Sahour (3km de Bethléem).
L’aéroport Ben Gouriou de Tel Aviv ultra moderne
Accueil, dégustation et diner à la brasserie artisanale de Bière
Point historique et géopolitique de la région :
Déjà, entre 1917 et 1947, dans la période du mandat britannique, les territoires palestiniens étaient convoités par les Juifs venant en nombre de l’Europe de l’Est. Cette période est déjà marquée de violentes révoltes alimentées par les deux parties. En 1948, sous l’égide l’ONU, le partage de la Palestine en deux états indépendants est acté : l’un arabe l’autre juif. À partir de là, L’état juif indépendant est créé sous le nom d’Israël. Il prend le contrôle de 77 % des territoires palestiniens sous mandat, notamment la majeure partie de Jérusalem. Plus de 700 000 palestiniens fuient ou sont expulsés de leurs villages. Il doivent s’installer dans des camps de réfugiés en Cisjordanie, Liban, Jordanie ou Syrie.
La guerre des Six jours entre 1967 et 1973 voit Israël s’emparer un peu plus des territoires palestiniens de la Cisjordanie et le la bande Gaza : la quasi totalité de la Palestine est occupée par l’état Juif. La première Intifada en 1987(révolte des pierres ) menée par le peuple palestinien montre l’émergence d’une résistance pacifique.
Les accords d’Oslo en 1993 signés entre l’OLP de Yasser Arafat et Israël ne tiendront pas, plus de 2 ans. L’assassinat d’Yitzhak Rabin en 1995, par un extrémiste religieux juif, sonnera la fin de cet accord de paix. Depuis, le grignotage des terres palestiniennes ne cesse de croître avec l’extension des colonies israéliennes : 164 colonies et 116 avant-postes sont dénombrés en Cisjordanie. Ces colonies sont reconnaissables avec leurs barbelés qui surmontent les murs d’enceinte et les soldats israéliens qui les protègent.
Le processus d’extension des colonies est permanent et pervers : installation d’un, puis deux, puis trois bungalows occupés par des juifs intégristes sur une butte de terre, puis des barbelés puis des maisons, puis l’armée israélienne qui garde le lieu… Ainsi l’extension des colonies représente depuis longtemps un obstacle majeur à la paix entre Israël et les Palestiniens
Première randonnée dans la vallée cultivée d’oliviers
Jour 2 : BETHLEEM – BATTIR – BETHLEEM
La matinée est consacrée à une courte randonnée dans une vallée peuplée d’oliviers nous menant de Beit Jalla à Battir, village classé patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2014. Déjeuner sur place.
Comment reconnaitre l’habitat palestinien ? Les grands bidons d’eau sur toits pour faire face aux coupures d’eaux israéliennes.
Randonnée en mode cool et sac léger
La récolte des olives vient juste d’être effectuée
Surprenante grotte qui servait d’abri
Rencontre surprise avec un groupe de jeunes collégiens à Battir
Retour à Bethléem en bus pour le déjeuner au restaurant ; l’après-midi est consacré à la visite du camp de réfugiés d’Aida. Rencontre et échange avec le directeur du centre culturel du camp d’Aida qui prône la résistance par la culture et le théâtre, puis découverte du mur de séparation ainsi que des œuvres de Street Art de Banksy sur le mur.
En fin d’après-midi, balade dans la vieille ville de Bethléem, visite de église de la Nativité et incursion sur la terrasse d’un artisan pour découvrir la vieille ville et la mosquée vue d’en haut de nuit. Dîner et 2ème nuit à la pension El beit à Beit sahour.Bethléem : les jeunes près du camp de réfugiés d’Aida et son mur d’enceinte
La clé à l’entrée du camp d’Aîda : symbole du droit au retour signé et espéré depuis 1948
Le mur d’enceinte du camp, revisité avec les œuvres de Street Art de Banksy
Retour sur les camps de réfugiés palestiniens
Aujourd’hui 19 camps de réfugiés palestiniens existent en Cisjordanie et ce depuis 1948. Bien sûr la vie s’y est organisée et améliorée : passage d’abri sous tente aux maisons en dur, organisation de la vie sociale, création d’écoles de dispensaires…. Le droit au retour dans leur village d’origine était inscrit dans l’accord de 1948, mais aujourd’hui après la 4éme génération et la réalité géo-politique ce droit devient illusoire. Une clé symbolisant le droit au retour demeure toujours présente à l’entrée de chaque camp.
De nombreuses ONG, humanitaires, culturelles, religieuses interviennent pour améliorer la vie quotidienne de ces réfugiés. Mais la restriction des libertés est toujours présente avec les murs d’enceinte et les interdictions de se déplacer hors de la ville.
Bethléem : L’église de la Nativité vue d’une terrasse, lieu symbolique très visité des pèlerins chrétiens
Jour 3 : Canyon du Wadi Qelt / Jéricho : Randonnée de 8 km
Une courte navette en bus nous amène au départ de la rando. Nous descendons puis traversons le canyon à sec de Wadi Qelt pour visiter le monastère orthodoxe de St Georges (étrange et spectaculaire monastère accroché au flanc de la montagne et toujours occupé par des moines orthodoxes), puis longue et belle descente du canyon par un sentier en balcon jusqu’à rejoindre Jéricho.Quelle ambiance dans la descente vers le Canyon du Wadi Qelt !
Le surprenant monastère orthodoxe grec de St Georges encore occupé et que nous avons pu visiterFacile et spectaculaire sentier en balcon dominant le canyon.Après trois heures de marche, au fond : Jéricho
Montée en téléphérique jusqu’au mont des tentations (c’est ici que Jésus aurait été tenté pendant 40 jours par Satan…. selon les croyances chrétiennes). Pique-nique en terrasse dominant la riche et verdoyante vallée de Jéricho et visite du monastère gréco-orthodoxe construit à flanc de montagne.
Court transfert vers la mer Morte pour un bain insolite dans la mer à -460m et avec un taux de salinité 10 fois supérieur à celui de nos océans.
Dîner et nuit en pension située dans un « Women center », association valorisant l’inclusion des femmes dans la société et l’économie palestinienne, au camp d’Aqabat Jaber, situé en périphérie de Jéricho. Très bon accueil et belle rencontre avec les femmes bénévoles qui tiennent et gèrent ce centre d’accueil.Arrivée à Jéricho et les ruines du Palais d’HasmonéanLe téléphérique de Jéricho montant au Mont des TentationsAu restaurant du Mont des Tentations avec la fresque adaptée-470m au dessous du niveau de la mer: c’est Ici au bord de la mer MorteCamp de réfugiés d’Akabat Jaber à Jéricho: école intégrée au campSoirée très riche avec la participation de deux femmes gérantes du centre d’accueil et qui interviennent bénévolement dans le camp de réfugiés.
Point sur le découpage administratif de la Cisjordanie.
Depuis septembre 1995 un accord intérimaire prévoit un découpage très particulier des territoires occupés de Cisjordanie :
- Zone A : qui couvre 20 % du territoire de la Cisjordanie où il incombe à l’autorité palestinienne d’assurer la sécurité et l’administration. Cette zone couvre essentiellement 7 grandes villes.
- Zone B : elle couvre 27 % du territoire. Cette zone est gérée administrativement par l’autorité palestinienne et la sécurité via la police est assurée par Israël.
- Zone C : soit 62 % des terres de Cisjordanie. L’administration et la police sont assurées exclusivement par Israël.
En conclusion la prise de contrôle par l’état Israélien sur les territoires palestiniens devient de plus en plus pressante, c’est ainsi que la liberté de déplacement des palestiniens est de plus en plus remise en question et difficile.
Jour 4 : randonnée au cœur du désert de Judée.
Jour 4 : Nabi Musa/ Mar Saba / Tel Al Qmar
La plus longue et belle randonnée : environ 17 kms.
Départ de la randonnée à proximité du Village de Nabi Musa. Belle traversée montante facile du désert de Judée. Partis d’environ 200m sous le niveau de la mer, nous montons jusque sur un plateau aride qui domine rapidement un magnifique canyon. Surprise : au fond de ce beau canyon un torrent s’écoule : il s’agit de l’ensemble des eaux usées de Jérusalem et de ses faubourgs qui sont rejetées vers le désert de Judée puis la mer Morte.Aridité et beauté du désert de JudéePuis le surprenant monastère de Mar Saba se révèle dans ce désert
Et enfin nous découvrons le surprenant et immense Monastère de Mar Saba, perché à flanc de la falaise et parfaitement intégré au paysage. Interdit aux femmes; il est actuellement fermé aux visites et environ 15 moines séjournent actuellement dans cet immense monastère.
Pique nique très agréable sous les oliviers à l’entrée du monastère.Le pique-nique sous les oliviers près du Monastère
Puis poursuite de la randonnée vers un petit sommet avant de redescendre vers un oued et remonter vers notre premier camp bédouin. Ce camp installé sur un monticule ouvre sur un beau point de vue. Mais le véritable camp de nos hôtes est installé à plus de 500m avec leurs troupeaux de chèvres et de moutons. Nos repas préparés par les femmes du camp Bédouin seront livrés en 4*4. Échange en soirée avec le responsable du camp bédouin sur sa vie entre l’accueil des touristes et la pression israélienne des colonies.Nidal notre guide palestinienDernière et rude montéeLes lumières du soir sur le désert de JudéePremier campement bédouin de Tal Al Qmar. Rencontre avec le gérant : son projet de développement d’accueil touristique et sa vie
Les problèmes de l’eau en Palestine :
L’utilisation de la ressource en eau est le symbole fort de la situation de dépendance des Palestiniens vis à vis des Israéliens. Cette situation existe depuis très longtemps ; dès le début, la ressource en eau était déjà accaparée. Les Israéliens et les Palestiniens se partagent les deux sources principales d’eau: l’aquifère de montagne et le bord supérieur du Jourdain et ses affluents.
Les citoyens israéliens bénéficient d’un accès illimité à l’eau toute l’année tandis que des centaines de milliers de Palestiniens souffrent de pénuries d’eau pendant les mois les plus chauds de l’été. Plusieurs fois par semaine l’accès à l’eau est coupé pour les Palestiniens. Pour parer à cette situation, tous les immeubles des villes palestiniennes sont surmontés de nombreux grands bidons d’un m³ pour faire face aux coupures.
Cette situation est doublée de l’absence de réseau et de traitement des eaux usées qui vont polluer les Wadis et les nappes phréatiques .
Petit déjeuner en terrasse devant le campement bédouin.Longue randonnée cool dans le Wadi Jihar
Jour 5 : TEQUA / RASHAIDA : randonnée de 14 kms
Après une courte navette en minibus nous rejoignons le village de Tequa. De là nous entrons dans le Wadi Jihar. L’itinéraire facile se déroule presque exclusivement au fond de ce canyon à sec. Environ 200m au dessus de nos têtes, tout au long du parcours, de magnifiques grottes ou baumes nous surplombent.À la sortie de canyon, nous sommes repris par les 4×4 pour rejoindre, via une route, puis une piste, le campement bédouin de Abu Ismaël.Bon accueil avec en prime le déjeuner dans la tente bédouine . L’après midi est libre entre rencontre et visite de notre camp avec les abris des brebis et des chèvres, et petite balade jusqu’à la prison jordanienne désaffectée, vestige historique de la présence jordanienne avant 1967, et abandonnée à 2 km du campement.Accueil au camp bédouin pour le repas de midi.
Les petits enfants du patriarche IsmaelLa vie au camp bédouin autour des chèvres qui rentrent au parc pour la nuit.Les enfants apprennent à monter à chameau.Repas traditionnel (poulet riz) cuit à l’étouffée sur les braises d’un four enterré puis échanges et discussions avec le patriarche Ismael, chef du campement bédouin qui nous relate son engagement pour l’accueil des touristes et randonneurs et la vie de toute la famille avec ses deux femmes, quinze enfants et trente et un petits enfants. Son campement bédouin devient permanent et sédentaire. Seuls les troupeaux de chèvres, ses moutons et ses dix chameaux nomadisent en toute liberté.
Préparation du dîner: cuisson des poulets en étage dans ce four enterré sur un lit de braises à l’étouffée….que nous dégustons avec un plaisir non dissimulé!!!
Point sur la situation des Bédouins de Palestine :
Aujourd’hui 20 000 Bédouins sont installés en Cisjordanie. Disséminés sur l’ensemble des districts, ils constituent la tranche de population la plus pauvre et la plus démunie de la Palestine occupée. Les campements, dans leur majorité, sont loin de l’idée romanesque que l’on peut se faire d’un peuple épris de liberté… Des amas de tôles, de bois récupéré, de bâches plastifiées et de toiles colorées forment les habitations branlantes de ces anciens nomades du désert ; des abris de fortune qu’on appellerait plus volontiers bidonvilles. Cette situation est à modérer dans les campements qui se sont tournés vers l’accueil touristique où le confort et l’hygiène se sont améliorés.
Depuis 1967, ce peuple vit la plus longue occupation militaire de l’histoire moderne. En effet les Bédouins sont soumis, au même titre que le reste de la Cisjordanie, aux même entraves aux libertés de déplacement et aux mêmes problèmes d’accès à l’eau potable avec les bidons d’eau en réserve sur les toits pour faire face aux coupures d’eaux intempestives. Aujourd’hui la vie des tribus s’est progressivement sédentarisée autour de leur cheptel composé de chèvres de chameaux et de brebis.
Départ à 3h00 du matin pour une randonnée de 2h30 vers le balcon sur la mer Morte.
Jour 6 : RASHAIDA HEBRON/ JABEL EL BABA
Lever très matinal à 3h00 du matin pour découvrir, après deux heures de randonnée nocturne dans le désert, le lever de soleil sur la mer Morte. En effet, arrivés vers 5h15 du matin à 600m de dénivelé au dessus de la mer Morte, nous apprécions tous ce moment magique du soleil qui pointe derrière les montagnes jordaniennes, et nous découvrons l’abîme qui nous sépare de la mer Morte et ses ourlets de sel . Nous voulons tous prolonger ce moment et s’imprégner des belles lumières rasantes qui inondent le désert.La mer Morte à nos pied 600m de dénivelé plus basGrand moment de silence et d’émotion…..
Vers 7 heures les 4×4 de notre hôte nous ramènent, via une piste chaotique et mouvementée, au campement bédouin pour le petit déjeuner.